Spore le jeu vraiment excellent

Dévoilé au grand jour il y a plusieurs années déjà, Spore fait indéniablement partie de cette caste de titres au processus de développement diablement long, mais qui ont pourtant toujours su captiver l'attention des foules. Tout d'abord parce qu'il s'agit du nouveau projet de Will Wright - le papa de Sim City et des Sims-, mais aussi parce que la chose sait choisir ses apparitions (à l'image de l'intervention de Robin Williams à l'E3 2006) et conserve à chaque fois une part de mystérieux jusqu'à sa prochaine manifestation. Un schéma répété lors d'une présentation du jeu à Paris la semaine dernière, où nous avons pu découvrir davantage dans sa globalité cette nouvelle simulation de vie, partant cette fois-ci de zéro ou presque. Voici donc nos impressions mises à jour d'un jeu toujours aussi original et bien déterminé à suivre l'exemple de ses deux grands frères.

Cinq en un

Avant d'entrer dans le vif du sujet, il convient de rappeler que Spore permet de suivre et jouer sur l'évolution d'une espèce originale au travers de cinq stades : bactérie, créature, tribu, civilisation et spatial. A chaque phase correspond un gameplay spécifique, mêlant plus ou moins action, gestion et stratégie. Après avoir opté pour une bestiole de base et sa planète de départ, on sautera directement dans le bain, au stade de bactérie donc, à moins de souhaiter zapper une ou plusieurs phases de jeu, ce qui est tout à fait possible. Dans la peau de cet organisme simple, il s'agira de se déplacer sur un plan en 2D uniquement, à la recherche de nourriture tout en évitant les rencontres inopportunes. Régulièrement, on prendra du volume, modifiant nos compétences (attaque, mouvement et santé) et transformant notre relation avec l'environnement alentour, nos anciens prédateurs devenant nos proies. En farfouillant un peu dans cette pataugeoire, on y dégottera également divers bonus débloquant des éléments qui nous serviront par la suite à faire évoluer la bestiole, fil conducteur de Spore. Après une vingtaine de minutes de jeu environ, on sera en effet gentiment poussé vers la sortie, en l'occurrence la terre ferme. Voici donc venue notre première véritable évolution, qui se traduira par un petit passage dans un éditeur de créature, où on pourra ajouter des pattes, des bras, des yeux supplémentaires ou bien une nouvelle texture de peau à notre poulain. Ces opérations s'effectuent toujours aussi facilement, grâce à une interface simple qui rappelle peu ou prou celle des Sims. Avant de valider ces greffes et passer à la suite, on pourra voir le résultat animé et même capturer l'instant à l'aide de vidéos et/ou de photos à partager avec nos amis. L'aspect communautaire occupe d'ailleurs une place de choix dans ce titre, comme nous le verrons un peu plus tard.

Une fois débarqué sur terre, il faut s'attendre à pas mal de changements, dont un passage à la 3D complète qui révèle par la même occasion une plastique un peu vide mais avec des modèles très soignés, le tout dans une ambiance toujours très guillerette voire cocasse. Une atmosphère plaisante dans laquelle on découvrira de nouveaux spécimens de notre espèce, qui pourront notamment nous enseigner diverses compétences supplémentaires comme charger un ennemi potentiel ou bien chanter. En se rapprochant de certains de nos congénères, il sera également possible de créer un petit groupe et aller explorer les environs pour accomplir quelques objectifs tout en expérimentant nos nouvelles capacités. Rendre visite à nos voisins sera alors une bonne idée. Selon nos envies, cette prise de contact tournera à la soumission ou une entente cordiale manifestée par des chants, danses et autres mimes joyeux. Le but est ici encore de récupérer de nouveaux éléments utiles lors de notre prochaine transformation. Mais le chemin est encore long et parsemé d'embûches, avec des attaques possibles de la part des autres habitants de la région ou des évènements naturels à craindre comme une pluie de météorites. Mais le vrai déclic menant au troisième stade d'évolution de Spore sera la découverte du feu. Il en découle la phase dite de tribu, où il s'agira cette fois-ci dans un esprit plus proche du jeu de stratégie en temps réel, d'ériger des maisons et divers bâtiments permettant de créer outils, instruments de musique ou des armes selon l'approche souhaitée dans nos rapports avec nos voisins. On cherchera en effet encore et toujours à convertir ces derniers, qui pourront également nous rendre la pareille sous forme d'assauts de notre village ou d'offrandes.

De l'infiniment petit à l'infiniment grand

Encore davantage ancrée dans la stratégie en temps réel avec une vue plus globale de la carte notamment et un zoom en conséquence, la quatrième phase de jeu de Spore - baptisée civilisation - consiste encore une fois à rallier les autres espèces de la planète à notre cause, que ce soit par les mots ou la force. On pourra ici déployer des moyens plus sophistiqués, comme des véhicules (à construire également de toutes pièces, comme nos chères créatures) qui iront prêcher la bonne parole chez les autres, ou bien bombarder leurs villages. Plus radical. Les bâtiments mis à notre disposition jouiront également d'une panoplie plus étoffée, avec désormais une prise en compte du bien-être de nos troupes. Celles-ci seront en effet plus difficiles à convaincre si elles possèdent un toit et des loisirs, chose que l'on s'empressera donc de cultiver. Si le but est ici de contrôler le reste de la planète, nos ambitions dépasseront bientôt cette sphère pour aller nous aventurer dans l'espace. Il s'agit là de la toute dernière phase du jeu, mais aussi la plus conséquente. La colonisation y sera toujours d'actualité, et on ira donc butiner de planète en planète et de nébuleuse en nébuleuse à l'aide d'un petit vaisseau. Le monde s'annonce dès lors gigantesque avec plusieurs centaines voire des milliers de territoires à découvrir et conquérir. Ici encore, on ne perdra pas de vue l'aspect social du jeu, puisqu'il faudra savoir cohabiter avec les empires déjà en place ou bien les défier. Entre deux voyages à l'autre bout de la galaxie, on pourra également s'adonner à un peu de terraforming, en modifiant la couleur d'une planète et son atmosphère, ou en creusant de nouveaux fleuves. D'ailleurs, à ce propos, on notera que des unités navales seront aussi de la partie dans Spore, qui s'annonce décidément riche et complet, même si on aurait souhaité disposer encore davantage de détails concernant cette dernière phase qui, on l'espère, ne révèlera pas un éventuel syndrome du grand vide. Remplir cet immense espace de contenu est en tout cas une des priorités actuelles de Maxis pendant les derniers mois de développement du jeu.

Mais l'OVNI de Will Wright ne s'arrête pas en si bon chemin. Non content de proposer un programme déjà bien chargé, il s'ancre dans une logique communautaire assez poussée. Absent, le jeu à plusieurs est ici remplacé par la possibilité de gambader en compagnie d'autres créatures élaborées par les joueurs, et téléchargées automatiquement. Avant d'envoyer nos véhicules rendre visite à nos voisins, on pourra donc choisir dans Sporepedia - la grande encyclopédie du jeu -, un modèle créé par d'autres, et le reprendre tel quel ou bien le modifier à notre guise. Bien évidemment, on pourra aussi partir de rien, et façonner soi-même sa chose grâce à l'éditeur, toujours aussi malléable. Ce partage de contenu s'accompagne de quelques options comme la possibilité de s'abonner aux créations d'un ou plusieurs joueurs en particulier, ou bien d'en bannir de son univers. Pour les éminents créateurs, comme pour les autres d'ailleurs, une petite page perso façon MySpace ou Facebook permettra également de communiquer sur ses oeuvres, et de récolter quelques commentaires. Prévoyant, Maxis envisage aussi de mettre en ligne son fameux éditeur un ou deux mois avant la sortie de Spore afin que les joueurs puissent commencer à produire du contenu en amont. En voilà une idée, une de plus, pour un jeu surprenant à plus d'un titre, et à l'avenir visiblement tout tracé. Ambitieux jusqu'au bout, il s'offrira une sortie mondiale le 4 septembre prochain sur PC et Mac, mais aussi sur DS dans une version élaborée par le studio à l'origine des Sims sur le même support et révélée pas plus tard qu'hier avec ces premières images